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Comment je me suis rétablie des troubles alimentaires en 6 étapes

Six ans auparavant, j’étais mortifiée à l’idée d’engraisser, je misais sur mon apparence pour qu’on m’aime. Maintenant que je connais mes forces, j’entretiens le plaisir et la liberté de ne plus me valoriser dans le regard des autres.

J’ai arrêté de vivre dans le déni

Je pensais que c’était normal. Je croyais que tout le monde faisait ça, être au régime, vouloir perdre du poids. Tous ces gens que je croisais au gym, il devait bien y en avoir quelques-un.es, comme moi, qui fréquentait l’endroit dans l’unique but de réduire leur tour de taille et qui travaillait fort pour avoir la shape à Jessica Alba ! Tout le monde faisait ça, non ? En tk, c’est ce que je croyais dur comme fer. Je passais mes semaines à manger de la soupe aux légumes et à m’entraîner comme une folle. J’étais convaincue que c’être la norme. Ce qui me chicotait, c’était ces rages alimentaires qui me pognaient immanquablement à chaque semaine.

Du vendredi soir jusqu’au dimanche matin, je les passais à boire et à fumer cigarette sur cigarette. Les dimanches, je me levais, le vague à l’âme, j’attendais d’être seule à la maison et c’est à ce moment que je perdais littéralement la carte. Je me souvenais ouvrir la porte du réfrigérateur et après, pouf ! Pu de son, pu d’image ! Je me réveillais de ma transe lorsque j’étais étendue sur le divan, en me pliant de douleur et à maudire tous les saints de mon comportement que je qualifiais de faible. Encore une fois, je n’avais pas été capable de tenir mes objectifs. Je venais encore de foutre en l’air tous mes efforts de la semaine ! Quelle honte ! Quand j’étais enfin capable de bouger et de respirer normalement, je me dépêchais à cacher les preuves de mes failles dans la poubelle extérieure.

Je savais que j’avais un problème. C’est lorsque j’ai découvert la définition de l’hyperphagie qu’une grosse lueur d’espoir a illuminé ma destinée. Je me reconnaissais en tout point dans cette pathologie. S’il y avait un mot pour décrire mon problème, il devait forcément avoir une solution ! J’ai assisté aux O. A., j’ai été voir mon médecin de famille qui m’a référé un psychiatre et une psychologue. Malgré mon désir ardu d’en finir avec ses orgies alimentaires et mes efforts pour m’en sortir, je n’y arrivais pas.

Ce que je n’avais pas compris, c’est que je ne souffrais pas d’hyperphagie, mais bel et bien de boulimie. J’aurais mis ma main au feu que les personnes qui souffraient de boulimie se faisaient invariablement vomir. Je croyais qu’être à la diète était chose commune. Sauf que dans ma tête, lorsque « je faisais attention » c’était en fait de la restriction. Sous le coup de la disette imposée, mon corps réclamait de manière très féroce de la nourriture. Je n’ai compris que beaucoup plus tard que les restrictions entraînent les compulsions. C’est indubitablement lié, si l’on enlève l’un, l’autre disparait. Je n’étais pas sortie du bois mais cette nouvelle information capitale allait m’aider pour la suite.

J’ai mis fin à une relation amoureuse

Un jour, j’avais demandé à mon conjoint du moment de m’empêcher de tricher. Ç’a été une grande erreur. Il m’a pris au mot et jouait à la police du grignotage. Je m’étais moi-même enlisée dans une prison où le décrochage de régime était interdit. Lorsque j’osais manger quelque chose de « pas trop santé » ou d’ouvrir le garde-manger entre les repas, ou pire, de me resservir une deuxième assiette, j’avais droit à un regard accusateur, à des soupirs méprisants. Mon apitoiement s’exacerbait et je me sentais misérable. Ce gars-là avait de bonnes intentions. Il souhaitait que j’atteigne mes buts. C’était sa manière à lui de m’épauler dans mes efforts et de m’aider. En me rejetant mes échecs en pleine face, en voulant être mon modèle de droiture, il faisait fausse route sur toute la ligne. À force de vivre comme tel, l’amour s’est peu à peu éteint. Je l’ai laissé.

C’est avec mon amoureux d’aujourd’hui, le père de mes enfants, que j’ai pu m’épanouir le plus. Mon chum ne s’est jamais mêlé de comment je garnissais mon assiette. Quand nous avons appris qu’on attendait un premier bébé, que mon corps s’est mis à changer et que je me sentais fragile et vulnérable malgré la plénitude et la liberté que je retrouvais dans mon alimentation, il était toujours là pour me rassurer, à me dire qu’il me trouvait belle. Son regard m’a donné une nouvelle confiance renouvelée. Les remords n’avaient plus leurs places. Je retrouvais ma qualité de pensée en rejetant la pression inutile.

Mon chum dégage une confiance en lui contagieuse. Je ne l’ai jamais entendu se plaindre de son image corporelle. Sa relation avec son alimentation et son corps est si naturelle et simple que j’ai à la maison le plus beau des modèles à suivre !

J’ai vécu deux grossesses

Mes deux expériences de gestation ont été les plus libératrices de ma vie. C’était la toute première fois depuis 20 ans que je me permettais de laisser les régimes de côté et de manger tout ce que je désirais sans aucun sentiment de culpabilité. J’ai adoré manger à ma faim, ce que je voulais et quand je voulais ! J’ai pris du poids, c’est bien certain. Je ne m’en faisais pas avec ça. Je vivais le moment pleinement et je me disais que j’allais mettre les efforts nécessaires après l’accouchement. En toute naïveté, je pensais que j’allais retrouver mon corps d’avant. Même au-dessus de la barre des 200 livres, j’étais en amour avec ma bedaine et ce corps qui faisait croître en lui la vie. J’étais fascinée par ce miracle. Je me trouvais donc chanceuse de vivre cette expérience inouïe ! Me foutre de mon poids a été révélateur. Je ne percevais plus mon apparence comme la chose la plus importante à mes yeux. Avoir un bébé à m’occuper a fait chambouler mes valeurs. L’égocentrisme et la frivolité ont fait place à l’amour, la sécurité et l’épanouissement.

C’est bien certain que ça n’a pas toujours été parfait. Quand j’ai accouché, la première fois, une infirmière est venue me porter une balance pour que je me pèse dans la chambre d’hôpital (je n’ai pas trop compris pourquoi d’ailleurs). Je m’attendais à une bonne dizaine de livres, voire plus, en moins, mais non. Mon poids n’avait pas bougé d’un iota ! J’étais abasourdie. Le bébé, le liquide amniotique, le placenta, les fluides… j’étais dans l’incompréhension la plus totale ! J’étais obsédée par mon nouveau bébé et cet amour qui m’envahissait, mais également pour ma nouvelle silhouette et le chiffre maudit que j’avais vu. Ça m’a beaucoup joué dans la tête. La balance assombrissait un beau moment dans ma vie. La perception de mon corps était moins glorieuse puisque je n’avais plus de bébé dans mon utérus. Je n’avais plus de bonnes raisons d’être grosse (c’est ce que je croyais). Je me suis abonnée à WW.

Je me suis montrée vulnérable

Pour moi, ç’a été le point le plus important. J’étais prête à mettre mon ego de côté et à dévoiler que j’avais des failles, que j’avais besoin d’aide. Après maintes et maintes tentatives échouées, j’ai compris que je n’y arriverais pas seule. C’est exactement à ce moment-là que le processus de mon rétablissement s’est enclenché. Éliminer mon ego de l’équation a été élémentaire. Pour moi, qui prônait l’indépendance et l’autonomie, recourir à un service d’aide a été dur. Je n’avais pas le choix. C’était soit ça, ou continuer à souffrir en silence.

J’ai parlé à mes proches de ce qui me rongeait. J’ai entrepris une thérapie. Je voulais m’investir à fond.  J’ai pleuré à toutes mes rencontres. Je me rendais compte que les troubles alimentaires étaient une façade. En back stage, il y avait des trucs pas mal plus complexes. Un lot de chocs traumatiques que je devais régler afin de cesser de me rabattre sur la bouffe pour me punir, me consoler ou remplir mes vides existentiels.

J’ai mis toutes les chances de mon côté en absorbant le plus d’informations possible. J’étais une bonne élève. Une longue période d’introspection a suivi. Je lisais plein de livres sur les émotions, sur les TCA et la confiance en soi. J’emboitais les morceaux de casse-tête de mon passé et de mes comportements présents. J’allais de mieux en mieux, semaine après semaine.

J’ai découvert l’alimentation intuitive

Je n’ai pas pris ça au sérieux au début. Je me disais que ça allait être une autre vague, une nouvelle tendance, comme l’alimentation cétogène. C’est lorsque j’ai pris connaissance des dix principes de l’approche anti-régime que la lumière s’est allumée. C’est en adhérant à ces notions simples que j’ai saisies que retrouver une saine relation avec l’alimentation était la seule issue à ma guérison complète. Je devais désapprendre mes acquis afin de renouer avec la base du geste de me nourrir. À ce jour, c’est un travail en cours. Je suis habituée aux sprints, mais là, je m’attaque à un beau marathon.

J’ai adhéré à l’acceptation de mon image corporelle

Le rejet de la culture des diètes est le premier pas dans l’ascension vers la réconciliation avec son corps. C’est-à-dire, ne plus tomber dans le panneau des médias et grandes entreprises qui valorisent la minceur comme un life goal. Dans le mouvement de l’acceptation de notre image corporelle ont y comprends que la valeur ne se trouve pas dans le chiffre de la balance ou dans la taille de son jeans. Entrer dans du small ou du medium ne fera pas de moi une femme plus intelligente, plus gentille ou meilleure. Maintenant que j’ai ancrée cette notion, je m’aperçois de toute la beauté du monde. Puiser dans mes qualités et mes bons côtés alimentent le meilleur de moi. Mes valeurs humaines se sont amplifiées. Ce qui me donne envie de donner au suivant et d’être gratifiante. Je suis infiniment plus heureuse et bien dans ma peau aujourd’hui que lorsque je portais une taille 8, pesais 130 livres et que j’angoissais comme une folle à l’idée d’engraisser.

Je demeure toutefois encore fragile à certains niveaux. Mon côté influençable me joue parfois des tours. Tomber dans le panneau du message subliminal des médias et de la société qui, en générale, renforce la notion qu’être mince est gage de bonheur, c’est un combat de longue haleine afin de l’ignorer et de suivre mes nouvelles méthodes qui me font tant du bien!

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