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en voyage au Mexique, 2013

Complexée as fuck

Cette photo a été prise il y a 7 ans, 8 ans peut-être. Je ne me rappelle pas trop. Ce que je me souviens, c’est à quel point je me trouvais grosse. Je devais peser 140 livres. Peut-être moins. Tout était matière à complexes. Mes cheveux trop fins, sans vie, trop plats. Ma robe trop moulante dévoilant mon ventre que je percevais rebondit. Mes cuisses que je trouvais gênantes. Mes seins, envahissants, sans tonus. Mes bras, plein de mous de bras. Mes mollets gros comme des jambons.

J’étais en voyage au Mexique avec mon chum de l’époque et un couple d’amis. Mon amie de fille, je la jalousais comme ça se peut même pas. Je la trouvais parfaite. Plus mince, plus jolie, plus extravertie, plus lumineuse, plus drôle, plus tout. Je voulais être comme elle. J’étais tannée de mon corps. Mon amie se plaignait souvent de son physique. Ça me fâchait. Pourquoi cette fille si parfaite à mes yeux n’appréciait-elle pas chaque attribut d’elle-même? J’étais dans l’incompréhension totale. J’aurais tant voulu lui prêter mes yeux pour lui montrer comment elle était parfaite.

Dans ce temps-là, ça me prenait un minimum de deux heures pour me « préparer ». Après chaque journée à la plage ou de magasinage en ville, je rentrais dans ma chambre d’hôtel et commençais le rituel. Une bonne heure pour le maquillage. Je beurrais épais. Trois quarts d’heure pour les cheveux. À cette époque, personne ne me voyait sans mes rallonges de cheveux. C’était des rallonges à clips que j’enlevais chaque soir avant de dormir. Ça détruisait carrément mes cheveux naturels. J’étais prise dans un cercle vicieux. Mes cheveux, fragilisés par les bleachs à répétition, devaient endurer le poids des rallonges à clip. Les clips en métal, posés au ras de mes racines, cassaient mes cheveux. Des cheveux, il ne m’en restait pas beaucoup. Je n’avais pas le choix de continuer à mettre mes rallonges pour simuler une crinière fournie et en santé. Le dernier quart d’heure, je l’utilisais pour m’habiller. Cette portion était facile. J’avais apporté un nombre effarant de robes chics, de souliers à talons hauts, de bijoux, de sacs à main qui fittent et une sélection de mes parfums préférés. Nous restions à l’hôtel qu’une semaine, mais j’étais équipé pour au moins un mois. Je voulais être parfaite. Je devais être parfaite. Je me nourrissais de l’attention et du regard des autres. J’avais beau me pimper pour deux heures, des fois plus, au final, j’aurais encore tout changé. Je ne m’aimais pas.

Ça me rend triste. J’aimerais retourner à ce moment-là pour parler à cette fille sur la photo. Je lui dirais combien elle est jolie. Qu’elle n’a pas à s’en faire comme ça. Qu’elle peut relever les épaules et être fière de qui elle est. Je lui dirais qu’elle n’est pas obligée de s’habiller sexy et d’en mettre autant pour plaire aux autres. Que sa personnalité fait déjà toute la job. Qu’elle n’a surtout pas à se comparer. Qu’elle est ben correcte comme elle est. J’aimerais lui prêter mes yeux d’aujourd’hui pour qu’elle puisse voir combien elle est belle, en tout point.


Quand tu regardes d’anciennes photos de toi, qu’aimerais-tu dire à celui (celle) que tu étais?

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