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La Banquise

Le fameux restaurant réputé pour ses nombreuses poutines à Montréal

Ce restaurant est incontestablement le plus réputé pour ses poutines à Montréal (il détient 12 000 avis Google à ce jour !). C’est l’équivalent du Ben La Bédaine à Granby ou du Chez Gérard à Saint-Georges de Beauce. Ça allait être ma première visite dans ce lieu si prisé. Nous savourions nos vacances estivales en famille. Nous avions passé la matinée au Musée pour enfants à Laval. Ce musée est conçu spécialement pour les tout-petits. On y retrouve tout ce qui peut fasciner un enfant. Il y a une voiture de police, une pelle mécanique, une fusée, un bateau, une vache laitière qu’on peut traire, il y a aussi un mini-marché avec de faux aliments et des paniers miniatures, un mini cinéma et j’en passe. Suivre nos garçons à travers les dédales de chaque attrait me faisait penser à un sprint hyperactif. Deux heures de ce manège nous avaient tous creusé l’appétit.

Ça faisait quelques fois que notre plus vieux nous parlait de son intérêt pour la grande métropole. Il était fasciné par les ponts et les gratte-ciels. Direction Montréal! Une fois sorti de l’embouteillage de l’autoroute, on s’est trouvé un stationnement au centre-ville sur rue Sherbrooke. On avait dans l’optique de prendre le métro vers une destination aléatoire, histoire de faire découvrir la ville sous-terrain à notre progéniture. La bouffée de vent chaud et odorant en franchissant les portes doubles du métro me plongea dans de lointains souvenirs. Combien de fois avais-je dépassé ma station, trop absorbé par un roman ? Ou toutes ces fois où mes oreilles percevaient une mélodie projetée par des musiciens ambulants et talentueux, mes mains farfouillant activement mon sac à main à la recherche de quelques pièces à lancer dans les étuis d’instruments. Ou ces quelques rares moment, où c’était moi, guitare à la main, avançant fébrilement à mon spot dans le métro Côte-des-Neiges pour jouer quelques compositions et boire un restant de vin rouge versé à la hâte dans une vieille bouteille d’eau. Chaque gorgée me soufflait un courage nouveau au creux des trippes. Je chantais pendant des heures devant des milliers d’oreilles qui ne m’entendraient probablement plus jamais. Une douce nostalgie remplissait mes sens et ma tête.

Mon chum expliquait à notre aîné que la Société des Transports de Montréal avait jadis été son travail à la sortie de l’école de mécanique. Impressionné comme pas un et les yeux gros comme des billes à tout absorber le bombardement de nouveautés visuelles et intellectuelles, sa bouche s’est légèrement entrouverte à l’arrivée du métro. C’est mi-apeuré, mi-effervescent, que nos garçons entamèrent leur premier voyage en métro. De Berri Uqam, nous nous propulsions à l’intérieur des tunnels de la ligne orange en cap vers la station Mont-Royal.

À ma grande surprise, le resto 24 h était quasi désert. Il faut dire qu’on était un vendredi midi et non un vendredi 3 h du matin. L’accueil de notre hôte aux yeux souriants et à l’affabilité palpable doublé de la bonne humeur contagieuse de notre serveuse m’encourageait à espérer que ça allait bien se passer (aller au restaurant avec deux petits bonhommes affamés de 2 et 4 ans peut vite devenir un défi de taille). Un mix de chansons reggae et de old school pop jouaient dans les haut-parleurs. Ces classiques musicaux faisaient bouger le popotin à mon bébé et à mon chum sous mes yeux amusés. Plusieurs employés dansaient et sifflotaient. L’ambiance festive se répandait dans la cuisine d’où émanait des effluves délicieux de gras et de sel. J’ai ouvert le menu. Impossible de faire obstacle aux poutines. Parmi tous les choix, mon estomac n’arrivait pas à se décider. La gymnastique mentale que je vivais devant le menu de La Banquise était bien réelle. Carnet en main, tout sourire, la serveuse notait notre commande. « Ça sera 2 repas enfants pogo avec frites, une poutine l’Idéfix (viande fumée, cornichons et choux crémeux) avec une boréale blonde et une poutine classique avec sauce à la tomate à la viande avec un coke diète pour moi svp, euh non, apportez-moi une bière Coup de grisou à la place svp, merci ! » C’est confortablement installés, bière d’une main et de l’autre agrippant le banc d’appoint de fortune dépourvu de sangles où le petit gigotait sans arrêt que mon chum et moi avons trinqué à nos vacances. Je le complimentais sur le choix du restaurant et lui fit la remarque que je n’avais jamais mis les pieds dans cet endroit mythique. Ses yeux me questionnèrent. Il savait que la poutine était un de mes repas préférés (après le spaghetti of course) et que j’avais habité 7 ans dans la métropole.  Je lui assurais que je n’avais pas vécu dans une grotte durant toute ces années.

C’est parce que j’avais été au régime.

Parce que j’avais toujours été au foutu régime. Toute ma vie depuis mes 14 ans. C’est à 37 ans que je redécouvre le monde culinaire, de tous les niveaux de gastronomies possibles. C’est également au cours du même été que j’ai mangé une queue de castor pour la toute première fois. Je vais à la Ronde depuis ma tendre enfance, j’ai toujours rêvé de croquer dans cette pâtisserie chaude qui sentait le ciel. Je ne m’en suis jamais permise. J’apportais mon lunch à la place. Quand j’avais le goût d’une gâterie, j’achetais un coke diète. J’aurais pu deviner l’odeur des Queues de Castor sous n’importe quel contexte. J’ai assouvi ma curiosité gustative en début d’été après une randonnée à vélo. Le kiosque mobile de Queues de Castor était en visite dans le stationnement d’une épicerie près de chez nous. Mon chum m’a fait une surprise ce jour-là. Pour être ben franche, je n’ai pas capoté sur ce dessert. C’était correct, sans plus. Rien à appeler sa mère. Mes fantasmes avaient overated la pâtisserie big time. Sais-tu sur quoi j’ai réellement trippé ? Sur le fait que je me câlissais bien des calories ingérées après un avant-midi à me dépenser en vélo. C’était ça, le goût divin de la liberté! Le goût de la légèreté de ne plus culpabiliser. De ne plus faire de plan de match pour compenser pour les prochains repas. De ne plus compter. De ne plus se sentir coupable. Juste manger et apprécier bordel!

Sais-tu quel est mon obsession alimentaire jamais inexploré jusqu’à ce jour? Les bretzels géants de New York ! Les cinq ou six fois que j’ai visité cette ville, j’aurais tant voulu en manger ! Mais les week-end rempli de magasinage, de calories dépensées à marcher n’aurait pas été « payant » à m’empiffrer de bouffe de rue. Je me suis abstenue. Chaque fois. Même si ça me faisait envie en titi. Je préférais aller au Starbuck me chercher un venti café glacé sur lait écrémé sans sucre. Je fondais toujours de cinq à sept livres en trois jours. Je ne comprenais pas à ce moment-là que c’était de l’eau que je perdais, pas de la vraie masse adipeuse comme je le souhaitais. J’ai récemment partagé ma nouvelle convoitise à mon amoureux. Il m’a déconseillé ceux de New York. Il m’a plutôt recommandé de déguster les bretzels géants de l’Allemagne. Endroit qu’il a visité quelques fois en voyage d’affaires au cours des dernières années. Ah, l’Allemagne….ses saucisses, sa choucroute, sa Guinesse. Ja schatz !*

Somme toute, mon expérience a été fort agréable à la Banquise ! Je peux enfin rayer le restaurant de la liste des must do. Ma poutine était vraiment succulente ! Mais mon nouveau goût de liberté, sans remords, l’est encore plus !

*oui mon amour !

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